Yves Lévêque
Les oiseaux parfument les bois
Quand il parle de ses tableaux, Yves Lévêque dit qu'il peint la campagne, ce qu'il a autour de lui, puisqu'il vit au milieu des champs et des bois depuis toujours. Rien n'est plus faux. Je peux l'affirmer car je connais bien ce coin de France, le Thymerais, soi-disant figuré. Le monde d'Yves Lévêque est intérieur, souterrain, caché. Certes, on distingue des arbres, des oiseaux dans cette nouvelle série, il y avait bien à coup sûr des insectes dans celle d'avant, on voyait des tracteurs dans les toiles anciennes, on aperçoit souvent du ciel bleu dans un coin. Mais tout cela est fait pour nous tromper. L'artiste, on le sait bien, forte tête, est farceur. Il n'y a nulle volonté de représenter chez lui, de peindre un champ de colza jaune, des bois sombres ou des lièvres qui courent. Ses toiles sont de pures créations. Bien sûr, comme un cuisinier, il prend les ingrédients à sa portée, parfois même de la terre et du sable. Il les touille sur une palette géante qui trône dans l'atelier. Le lieu est inspirant : une grange cathédrale qui, de toute évidence, l'encourage à l'élévation. Ce sont alors des mondes inconnus qui surgissent. Inconnus de nous, mais de l'artiste lui-même. Pour preuve, je l'ai surpris l'autre jour devant l'une de ces immenses toiles qui sera dans l'exposition, disant : "Cela me fait rêver !" Yves Lévêque ne veut donc pas seulement nous faire plaisir, il se fait d'abord plaisir... C'est pour cela qu'il est chaque jour, du matin au soir, à l'atelier, vaillant peintre qui nous réveille les sens. Alors, venez nombreux découvrir ces toiles somptueuses où les oiseaux parfument les bois... Guillaume Sébastien