Actualités

Rencontre avec Christiane Rancé

Simone Weil: Le courage de l'impossible

29 mars 2017

Christiane Rancé était l'invitée des Rencontres de la Galerie Guillaume autour du thème du courage. Après une carrière de grand reporter au Figaro Magazine, Christiane Rancé se consacre depuis quelques années à l'écriture de livres qui sont essentiellement des portraits de grandes figures littéraires et spirituelles. Son livre "La passion de Thérèse d'Avila" a reçu le prix de l'essai de l'Académie française en 2015. C'est de Simone Weil qu'il était question hier soir, puisque Christiane Rancé en a écrit une biographie en 2009 : "Simone Weil, le courage de l'impossible". Christiane Rancé a raconté la vie extraordinaire de cette femme née en 1909, normalienne, philosophe, très intéressée par l'art, au très grand charisme, qui n'a cessé de mettre en actes ses paroles, en expérimentant par exemple la condition ouvrière, elle qui a toujours été taraudée par la souffrance humaine. Christiane Rancé nous a fait parcourir avec passion la vie de cette femme juive, au cœur des années 30, qui a voulu tout vivre de façon intense, assoiffée de vérité. Simone Weil a laissé des écrits magnifiques comme "La pesanteur et la grâce".

Vernissage François-Xavier de Boissoudy

Marie, la vie d'une femme

23 mars 2017

Un public nombreux s'est pressé au vernissage de la nouvelle exposition de François-Xavier de Boissoudy à la galerie. "Marie, la vie d'une femme" est la troisième exposition personnelle de l'artiste après "Résurrection" (2015) et "Miséricorde" (2016).

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Rencontre avec Antoine Compagnon

08 mars 2017

Antoine Compagnon, universitaire et professeur au Collège de France où il occupe la chaire de littérature français moderne et contemporaine, était le 8 mars l'invité des Rencontres de la Galerie Guillaume sur la beauté. Auteur d'un nombre impressionnant de livres, dont beaucoup de référence comme Les Antimodernes, qu'il publie en 2005, Antoine Compagnon est un éminent spécialiste de Montaigne, Baudelaire et Proust. Et c'est sur l'auteur d'A la recherche du temps perdu qu'il a développé son propos. La beauté et les obstacles à la beauté traversent en effet toute l'œuvre de Proust. La beauté ou l'art, puisque chez Proust ce sont deux notions équivalentes. Il est partout question d'art et d'artistes dans la Recherche, "d'expériences ratées de l'art qui mènent à des impasses en confondant l'art et la vie". Swan en est le meilleur exemple, lui qui confond les hommes et les tableaux. Proust appelle cela de l'idolâtrie. La beauté selon Proust est imprévisible, est là où on ne l'attend pas, produit un choc, a une "étrangeté saisissante", n'est pas liée à une signification. "La vraie beauté est si particulière, si nouvelle, qu'on ne la reconnait pas pour la beauté". Antoine Compagnon souligne la contemporanéité contenue dans la Recherche sur l'art et son marché : l'art nouveau chasse l'art ancien par les effets de la mode. Proust, directement, ou à travers le narrateur et les personnages de la Recherche, prend partie : par exemple, comme Baudelaire, il n'aimait pas la photographie, "vulgaire". Il exprime souvent le besoin d'une "épaisseur d'art" nécessaire.

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Rencontre avec Élise Boghossian

22 février 2017

Ce qu'a dit Elise Boghossian hier soir, invitée dans le cadre des rencontres de la Galerie Guillaume sur le courage, résonnait fortement avec les sculptures d'Anne Deval, au milieu desquelles elle s'exprimait. Petite-fille de déportés arméniens, l'enfance d'Elise Boghossian est bâtie sur le socle de l'histoire tragique de ce peuple. Longtemps, elle est plongée, par ce génocide, dans une angoisse indescriptible. La souffrance et la détresse de personnes vulnérables réactivent ses propres blessures, celles d'une descendante d'un peuple martyrisé. L'idée que l'on puisse souffrir sans pouvoir se défendre lui est insupportable. Acuponctrice réputée exerçant à Paris, Elise Boghossian décide de partir en 2011 soulager les souffrances dans des camps de réfugiés. L' association qu'elle a créée, "Elise Care", fait un travail remarquable avec 5 "bus dispensaires" qui soignent les réfugiés à travers l'Irak, toutes disciplines médicales confondues. Chaque mois, Élise part en Irak, sur le terrain, pour développer son association qui ne cesse de grandir pour répondre à des besoins de plus en plus critiques. Elle raconte tout cela dans un très beau livre "Au royaume de l'espoir, il n'a pas d'hiver" (Robert Laffont).

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Rencontre avec Bertrand Vergely

26 janvier 2017

Le philosophe Bertrand Vergely était hier soir l'invité des Rencontres de la Galerie Guillaume sur la question du beau. Qu'est-ce que le beau ? Qu'est-ce que la beauté ? Vaste sujet... Bertrand Vergely dit tout de suite : pourquoi avons-nous perdu le sens de la beauté ? Parce que, selon lui, la culture de la rébellion a remplacé depuis la Révolution la culture du sacré. Nous avons peur d'admettre le beau car nous n'osons plus dire que la transcendance existe, que le sacré existe, que le divin existe. Or, tout ceci est extrêmement lié. Nous avons pris de fâcheuses habitudes d'intellectualiser les choses plutôt que de les vivre. La beauté ne se prouve pas, mais s'éprouve. Même les choses les plus simples : les premiers rayons du soleil sur la montagne, la contemplation d'un jardin, un enfant qui se jette dans les bras de sa mère, etc. À l'opposé des exemples les plus quotidiens, se dresse le génie des grands hommes, comme Verdi, porté en liesse à chaque fin de ses concerts, ou Mozart. Ils ont su "rentrer en eux-mêmes pour y trouver l'essentiel qui nous rejoint tous". En ce qui concerne l'art, Bertrand Vergely rappelle les exemples fameux d'œuvres comme Le bœuf écorché de Rembrandt, qui prouvent que "le miracle du beau est sa capacité à aller dans le laid, le hideux, pour le rendre sublime". Baudelaire disait bien : "Donne-moi ta boue et j'en ferai de l'or". Peut-on appliquer cela aux exemples chocs de l'art contemporain, comme Damien Hirst qui met des requins et des cervelles de mouton dans du formol, ou Wim Delvoye et sa machine à fabriquer des excréments ? Certainement pas, répond Bertrand Vergely : car l'intention n'est pas du tout la même, et il faut se garder des "artistes manipulateurs". En conclusion, Bertrand Vergely redit l'intimité entre le beau et le sacré, rappelant les Grecs qui vivaient intensément la beauté parce qu'ils vivaient avec les Dieux. Ce peuple a défini les notions du vrai, du bien et du beau. Mais des trois, le beau était ce "qui était plus que les deux autres".

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Rencontre avec Christine Buci-Glucksmann

01 décembre 2016

Jeudi 1er décembre nous avons reçu à la Galerie Guillaume pour la troisième rencontre du cycle sur "la beauté" la philosophe de l'art Christine Buci-Glucksmann. Ce fut passionnant. Christine Buci-Glucksmann, érudite et grande voyageuse, s'intéresse depuis toujours aux autres cultures et à l'ailleurs. Elle est une grande spécialiste du sujet de l'ornement en Orient. Enseignante pendant trente ans en université, elle nous a livré un cours magistral sur la beauté entre Orient et Occcident, partant des œuvres de l'artiste franco-marocaine Najia Mehadji accrochées sur les murs de la galerie pour l'occasion. Il fut beaucoup question du "décoratif", un mot souvent péjoratif dans la bouche des dignitaires de l'art contemporain en France. Or, "on ne peut penser le beau sans le décoratif", dit Christine Buci-Glucksmann, citant entre autres exemples l'Alhambra de Grenade. Christine Buci-Glucksmann parle plutôt de "l'ornement" qui est le mot juste. Pour elle, "l'ornement est la parure du beau". Et de rappeler Matisse et Paul Klee qui, ayant eu la révélation de l'Orient, témoignent du lien étroit entre beauté et ornemental dans leur œuvre. Depuis Baudelaire et sa reformulation de la notion du beau ("le beau, c'est le bizarre"), il y a une crise profonde de la beauté. Hier soir, Christine Buci-Glucksmann a remis les pendules à l'heure en concluant : "la beauté n'est jamais prouvée, mais elle est à éprouver".

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